Adieux et retrouvailles


Aujourd'hui je voulais vous parler d’adieux et de retrouvailles.


Vivre sur notre beau cailloux c’est aussi accepter de voir ceux qu’on aime partir en France métropolitaine ou ailleurs, définitivement ou non. Partir dans un autre département ou à l’étranger, partir en mission pour quelques années...
Je vis cela depuis que je suis petite : des adieux et parfois aussi des retrouvailles.
On a des copains, des copines, de la famille et puis un jour, ils s’en vont : mutations, promotions, nouveau départ, nouveau boulot, études, et mille autres raisons.
Les voir partir, c’est dur.
Verser des larmes à Gillot – qui en a vu tant ! - et espérer qu’on donnera tort à l’adage « Loin des yeux, loin du coeur ».
J’ai accompagné ma meilleure amie à l’aéroport quand j’avais 15 ans.
C’est un âge important, un âge où le monde s’offre à nous, un âge où tout est important dès qu’il s’agit de nous-même ! Un âge où notre sensibilité est exacerbée.
J’ai pleuré. Longtemps.
Et puis nous nous sommes écrit. Nos relations épistolaires ont duré des semaines, des mois, des années.
C’était avant l’internet, un temps où téléphoner coûtait bien trop cher. Il fallait se contenter des lettres.



 Mais quels moments intenses que de voir arriver un courrier de son amie, de l’ouvrir fébrilement pour parcourir les nouvelles et de la relire ensuite plus calmement, une nouvelle fois et tant de fois encore.
Il y avait parfois des photos, des cartes postales ; des autocollants, des messages codés… et nos secrets !
Ouvrir son courrier est un moment inoubliable !
Prendre la plume à son tour, plus tard, assise à mon bureau pour répondre, raconter, décrire nos passions adolescentes : les sujets sur lesquels on s’emballe, ce qui nous tient à coeur et aussi ceux qui nous tiennent à coeur !
Ce sont des moments particuliers, forts en émotions.



Et avec le temps, parfois, ces relations épistolaires se dénouent.
Le temps, la distance, la vie ont donné mille fois raison à l’adage « Loin des yeux... ».

J’ai vu mon amie partir vers d’autres horizons quand j’avais 15 ans.
Et depuis j’en ai accompagné bien d’autres : des amis, de la famille, des proches, des moins proches, des gens qui viennent et reviennent… ou pas.

Et un jour, à mon tour, je suis partie. 
J’ai quitté mon île un soir. Je revois les lumières sur Saint Denis à travers le hublot et mes yeux embués. C’était un déchirement d'abandonner une partie de moi. C’est difficile à expliquer mais quand on voit s’éloigner la côte, on comprend réellement ce que veut dire tourner la page. Et cela ne se fait pas toujours facilement.

J’ai eu la chance de revoir l’amie de mes 15 ans plusieurs fois. Elle est venue en vacances et je suis allée la voir aussi.
Quand je me suis installée en région parisienne, elle est repartie en Martinique !
Sommes-nous une génération qui a la « bougeotte » ?

Mais j'ai eu la chance de garder cette amie.
Elle était à mes noces : elle a été mon témoin !

J’ai rencontré d’autres gens formidables depuis ; des gens qui ont compté ou comptent encore.
C’est cela aussi vivre à La Réunion : le plaisir des retrouvailles.

Certains sont revenus vivre ici, comme moi.
Ils sont partis lycéens ou étudiants. Ils reviennent accompagnés ou non, parfois avec des enfants, mais toujours avec un regard différent.
Et on rencontre ces enfants et c’est comme si ils avaient toujours été là.
C’est assez incroyable.

D’autres amis, comme ce mois-ci, viennent en vacances ou reviennent !
Et dans ces moments-là on se sent comme un gosse ou comme dans le début du film Love Actually qui nous montre le hall des arrivées de l’aéroport de Londres !
C’est un moment de joie que de voir les retrouvailles des familles, des amoureux, des amis.
C’est beau à regarder et on ressent la même chose à Gillot ! Ce picotement joyeux dans la poitrine.

Les enfants vivent à présent les mêmes départs et les mêmes retrouvailles s’ils sont chanceux.
Avec les moyens d’aujourd’hui cela semble plus facile de garder les liens mais en fait, le tout c’est de le vouloir, des deux côtés.
Et en même temps, cela ne veut pas dire s’appeler toutes les semaines, non.
C’est plutôt prendre le temps de donner et prendre des nouvelles, de s’appeler comme si on s’était parlé la veille, même si les mois ont passé.

Je vous souhaite d’avoir la même chance, de garder celles et ceux qui comptent.
Et pour les autres, accepter le fait qu’ils ont compté et vous ont construit, au moins pour partie.
Accepter aussi le fait que la vie est pleine de surprises et de rencontres.
Je vous en souhaite beaucoup !
Bon, je retourne à mes retrouvailles et à mes adieux.

Je garde tout de même les souvenirs du plaisir ressenti à l'arrivée d'une lettre. Comme la gosse que j'étais autrefois, j'aime soigner mon courrier, mes envois. 
Un aperçu de mes préparatifs :


De temps à autre, prendre le temps d'écrire fait du bien à celui qui envoie comme à celui qui reçoit le courrier. Alors à vos plumes et à vos enveloppes !



Clem



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