Clem est en forme : Cinq Sens


Zarb' Clem - Cinq sens

Vacances j'oublie tout...
Ou des vacances en moi, grâce à mes sens.
Je voulais vous parler des sens. De leur importance.



D'abord les yeux.

Je vois...
Un ciel bleu roi où passent les nuages et les nuances de lumière.
L'ombre des plantes sur le sol, sur les murs.
J'admire la végétation luxuriante, soignée, revigorée par les dernières pluies.
Le ciel se confond avec le bleu de l'Océan Indien.
Mon œil s'attarde sur la fleur épanouie au détour du chemin, sur les palmes des cocotiers doucement secouées par une petite bise.
J'ai aperçu de minuscules crabes qui entraient dans le sol.
Je vois l'onde d'une goutte se répandre dans la piscine où se reflètent l'or et le gris de l'ardoise.
Je regarde les vagues au loin, les parasols faits en palmier séchés, le sable blond, les cils mouillés de mon Amoureux...
J'ai l'impression d'ouvrir les yeux pour la première fois, de porter un regard différent sur ce qui m'entoure.
J'ai conscience de ce regard neuf et je m'émerveille.



Vient ensuite l'ouïe

J'entends le bruit des vagues qui viennent lécher le sable et le bruissement léger des palmiers dans le vent léger.
J'écoute la poésie du saxophone soprano et celle du Séga.
Je reconnais le choc de la boule blanche qui "casse" la formation triangulaire sur le tapis de feutre vert et le son cristallin des verres qui trinquent.
J'écoute le pépiement des oiseaux, le vrombissement des insectes, les bavardages des roussettes dans le grand Badamier.
La musique du babil des enfants de tous les pays me berce, mêlé au "pshit" des crèmes solaires.
Le son particulier du tapis de yoga qu'on déroule sur le sol et celui des tongs me rappellent des vacances d'autrefois.
J'entends les galets cogner les uns contre les autres, le grondement des vagues, le ronronnement de Cosmo qui m'apaise...
Mon oreille distraite est à présent en éveil. Le moindre son est emmagasiné, son énergie se transmet.
J'entends en pleine conscience. J'entends la musique du monde. Ma respiration se mélange à ces sons et ne fait plus qu'un avec eux.



Puis le goût.

Je sens le goût du sel quand j'humecte les lèvres, l'eau fraîche qui descend dans la gorge.
Je découvre des saveurs nouvelles ou oubliées : la bacon avec les œufs au plat, le coulis de kiwis sur les crêpes "gluten free" ou la confiture papaye-passion.
Je croque dans l'ananas frais ou le pitaya "Cœur de Dragon", je bois l'eau de coco à même la noix, comme un garnement.
Je savoure les épices colorées, le sucre complet qui craque sous la dent, Mmmh ce sucre cannelle délicieux...
Je prend plaisir à ma première gorgée d'Earl Grey le matin, à l'acidité du citron dans mon verre d'eau
Je mords la pastèque ou avale des haricots aux saucisses.
C'est l'une des joies de mes vacances : goûter des "petits déj'" différents chaque jour.
J'ai des préférences bien sûr, et des habitudes, mais j'adore faire ça en vacances, j'ai l'impression de visiter le monde entier à travers ces petits déjeuners !
Bon je n'ai pas encore testé celui fait de poisson, j'ai du mal le matin, mais j'y viendrai !
Je prends le temps de regarder ce que j'ai au bout de ma fourchette.
Dans la bouche, je le laisse fondre un peu pour emplir mes papilles du parfum, de la saveur du mets.
Je mâche lentement, prenant plaisir à déguster puis avaler.
 Je prends conscience du bien que l'on peut faire à notre corps en le nourrissant sainement.



Et le toucher 

J'aime toucher le velours de ma peau après le spa ou sentir les gouttes qui perlent sur le corps pendant le hammam.
Je sens le sable sous les pieds quand je marche sur la plage en tenant mes chaussures à la main.
J'aime entrer dans l'eau résolument en avançant lentement, droit devant. Cette immersion progressive me fait sentir l'eau fraîche sur mon corps avant d'y plonger la tête, les cheveux et de reprendre une goulée d'air après quelques instants. L'air qui entre dans mes poumons a alors presque une densité solide...
J'aime sentir sous les pieds les lattes de la pièce dédiée à la méditation et au yoga ou toucher l'écorce d'un arbre qui croise ma route.
Je prends plaisir à sentir les gouttes de la douche qui tombent comme la pluie sur mes épaules, à caresser le moelleux de la couette  machinalement, la fluidité du lamb...
J'adore laisser glisser le sable entre les doigts.
J'ai le sentiment d'un "instant fugace de bonheur", d'un moment précis où le sens du toucher prend une dimension différente car la sensation est consciente.



Enfin l'odorat

Curieusement - ou peut-être pas ! - j'ai choisi de le mettre en dernier.
Il ne cesse de me surprendre et a pour moi quelque chose de particulier.
Il est soudain, parfois violent.
Il ouvre instantanément un gouffre, une parenthèse, dans la réalité.
Survient une odeur et tout de suite, vous êtes transporté dans le temps, des décennies en arrière, ou dans l'espace, à des milliers de kilomètres.
Sentir, pour moi, c'est ressentir, voyager, se souvenir.
Offrez-moi une précieuse bouffée de cannelle orange et je me retrouve à l'ïle Maurice, une autre de gaufres et je suis à la foire du Trône ou au Parc de la Tête d'Or. L'Ylang-Ylang et je suis à Mayotte ou au fond de la Rivière Saint Denis il y a 20 ans...
Un parfum de vanille et je me retrouve chez moi, dans mon île, où que je sois dans le monde.
Celui du Monoï me réchauffait le corps et le cœur dans les froids hivers pluvieux où je me languissait d'un ciel bleu.
Je me souviens alors et je sens presque l'air iodé de la plage, "l'air marin" même si je suis à des centaines de kilomètres de l'Océan.
Sentir, c'est autant de lieux et de moments, de voyages et de rêves.
L'odeur du vétiver, du géranium, de la mangue ou du goyavier, du bois ciré...
Mon enfance, mon île...
Je sens chaque chose avec force, réalisant que ces parfums composent la vie et aussi ma propre existence.



Je suis le fruit de l'île de la Réunion.
J'en suis les parfums et la brise, j'en suis le sel et le goût, j'en suis le regard et la sensation.
Je suis réunionnaise dans la tête, dans le cœur, dans le corps, dans le sang, jusqu'au plus profond de mon être.
J'en prends conscience avec mes cinq sens.
Ils font partie de moi et je ne suis qu'un avec eux .

Sentir, ressentir, voir, entendre, goûter.
Ce sont là les éléments essentiels à notre bien-être, le vôtre comme le mien.
Nous pouvons attendre d'être en vacances mais nous pouvons l'être à chaque moment choisi : ce moment où nous décidons de vivre l'instant intensément par l'un de nos cinq sens ou par tous à la fois.
Ils nous rappellent que nous sommes éphémères, que nous faisons partie d'un tout.
Même si l'île sœur est loin, si mon île est loin, même si certaines personnes ou certaines choses ont disparu, elles continuent d'être à travers nos sens.
Si le quotidien devient pesant ou si vous oubliez le goût des choses il suffit de redonner un sens à votre vie - l'expression est appropriée !
Prenez conscience de la caresse d'un rayon de soleil, de la musique sifflotée par un passant, de votre Madeleine de Proust quand vous mordez dans une papaye fondante ou un bonbon piment, de la forme rigolote d'un nuage, du parfum des fleurs...
Ayez conscience qu'il suffit de cela pour être heureux. Ce sont là les trésors de l'existence.

Je vous souhaite d'être heureux et d'en avoir pleinement conscience.

Clem


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